Comment piloter efficacement la sûreté en entreprise ?
Dans un contexte où les risques évoluent rapidement, les responsables sécurité doivent non seulement protéger les sites, mais aussi démontrer la pertinence de leurs actions1. Pour cela, ils doivent s’appuyer sur des indicateurs de performances claires2, adaptés aux enjeux de leur organisation et élaborés en collaboration étroite avec leurs prestataires de sécurité privée. Ces outils de mesure sont essentiels pour évaluer les dispositifs en place, orienter les décisions et légitimer les budgets engagés1,3.
Piloter la sûreté et la sécurité d’une entreprise n’est pas le fruit du hasard
Mettre en place une stratégie de sécurité efficace ne repose pas sur un modèle unique. Chaque entreprise évolue dans un environnement spécifique, avec des vulnérabilités et des priorités propres4. Il est donc indispensable de concevoir des indicateurs de performance sur mesure, en fonction du contexte opérationnel, du niveau de risque et des objectifs ciblés. En effet, Chaque entreprise a ses propres enjeux : les indicateurs doivent être définis au cas par cas, en fonction du contexte et des risques spécifiques de chaque structure.
Certaines métriques, comme le nombre d’intrusions et d’incidents, constituent une base d’analyse commune à la plupart des entreprises, mais ces indicateurs génériques ne suffisent pas. Pour être efficaces, les outils de mesure doivent être ajustés à la réalité opérationnelle de chaque site. Les priorités ne seront pas les mêmes entre un centre commercial, une plateforme de distribution ou un site industriel, chacun ayant ses propres enjeux de sûreté à piloter. Ces mesures peuvent être également ajustés selon la situation quotidienne, hebdomadaire ou mensuel.
Dans les secteurs à haut risque, le suivi des intrusions extérieures constitue un indicateur crucial. En revanche, cet indicateur perd de sa pertinence dans des environnements comme les hypermarchés, où l’attention se porte davantage sur le volume des vols, notamment la démarque inconnue, qui inclut les pertes internes telles que celles liées au personnel.
Le rôle stratégique du responsable de sécurité de l’entreprise donneur d’ordre
Au-delà de l’évaluation des performances mentionnées ci-dessus, les indicateurs permettent au directeur sécurité de quantifier ses besoins en amont, de défendre ses besoins budgétaires auprès de la direction, et de rendre compte de manière structurée les résultats obtenus.
Trop souvent méconnu par les autres services, le rôle du responsable de sécurité mérite d’être mieux valorisé. S’il doit préserver une part de confidentialité, il lui revient aussi de communiquer de manière claire et ciblée pour démontrer la valeur ajoutée de ses actions ainsi ils doivent démontrer les conséquences irréversibles dans le cas contraire. Le responsable de sécurité doit adopter une communication mesurée et percutante. Plutôt que de multiplier les actions visibles, il gagne à adapter son discours à la culture de l’entreprise et aux décideurs, pour renforcer sa légitimité et valoriser son rôle.
Les responsables de sécurité qui ne mettent pas en œuvre une stratégie conforme aux obligations légales s’exposent à des risques importants, tant pour l’entreprise que pour eux-mêmes. La loi impose des mesures spécifiques en matière de sûreté, de protection des installations sensibles, de contrôle des accès ou de prévention des actes de malveillance. En cas de manquement (absence d’analyse de risques, dispositifs inadaptés ou non conformes), la responsabilité peut être engagée, notamment si un incident met en danger des salariés, des visiteurs ou l’intégrité des installations. Un défaut de conformité peut entraîner des sanctions administratives, des poursuites pénales ou des conséquences graves en cas d’accident industriel ou de crise sécuritaire. Ne pas appliquer la loi dans sa stratégie de sécurité, c’est donc exposer l’entreprise à des pertes financières, des arrêts de production, des atteintes à sa réputation, voire à la mise en cause de ses dirigeants pour faute de gestion5.
Échanger régulièrement avec les équipes de sécurité en situation réelle
Le responsable de sécurité doit optimiser une gestion par des tableaux de bord selon les priorités stratégiques. Pour y parvenir, l’écoute aux agents opérationnels est cruciale et la communication des consignes doivent êtres réaliser avec leur chef d’astreinte ou le représentant de l’entreprise de sécurité privée en s’appuyant sur des modèles écrits.
« Une évidence s’impose : travailler en synergie avec les prestataires de sécurité sur terrain est non-négociable, car les équipes collectent des données du terrain ayant une richesse exceptionnelle pour améliorer l’efficacité de vos stratégies. » Précise M. GANTASSI président de l’entreprise VIGIZ, que les ordres doivent être transmises au responsable hiérarchique et que les consignes soient bien appliquées par les agents via les moyens de discussions possibles formant un triangle de sécurité solide (vous, responsables-prestataires et les agents sur terrain).
Conformité réglementaire : un enjeu clé dans la sélection des prestataires de sécurité
Les responsables de sécurité des entreprises, quel que soient leur secteur d’activité, ont l’obligation de s’assurer du professionnalisme et de la conformité réglementaire des prestataires de sécurité privée auxquels ils font appel. Cela passe notamment par la vérification systématique de la carte professionnelle de chaque agent de sécurité, délivrée par le CNAPS (Conseil national des activités privées de sécurité), document attestant que l’agent remplit les conditions de moralité, de formation et d’aptitude exigées par la loi.
De même, les donneurs d’ordre doivent exiger et contrôler la validation de l’autorisation d’exercice du prestataire, également délivrée par CNAPS, sans laquelle toute activité est illégale.
Le manquement à ces vérifications peut entraîner la mise en cause de la responsabilité du donneur d’ordre en cas d’incident ou de contrôle, notamment si des agents non habilités ou une société non agréée interviennent sur site. Cette diligence s’inscrit dans une démarche de conformité au Code de la sécurité intérieure, Livre VI, qui encadre strictement les activités de sécurité privée en France.
Sources :
1 : « Guide des bonnes pratiques en matière de sûreté des établissements« , 2020, Secrétariat générale de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), Ministère de l’Intérieur.
2 : « La présence physique, un levier essentiel de la sécurité privée entre la pratique et les statistiques« , 2025, Service Conseil & Management – VIGIZ sécurité.
3 : « L’achat de prestations privées de sécurité : Grands principes et bonnes pratiques« , 2010, CNAPS.
4 : « Fiche secteur 801 – Activités de sécurité privée, Statistiques Ésane 2021 « , 2024, INSEE.
5 : « Chapitre Ier : Obligations de l’employeur. (Articles L4121-1 à L4121-5)« , 2017, Code du travail.