L’impérieuse nécessité de mesurer l’impact préventif
L’évaluation de l’efficacité de la sécurité privée se heurte à un paradoxe fondamental : comment mesurer objectivement l’impact d’une présence physique dont les bénéfices majeurs (dissuasion, vigilance contextuelle, régulation sociale) échappent aux métriques traditionnelles ? Les statistiques d’incidents, bien qu’indispensables, ne reflètent qu’une partie de la réalité, occultant la valeur préventive et proactive déployée quotidiennement par les agents. Cette introduction explore cet écart critique entre performance mesurée et valeur réelle, posant les bases d’un nouveau référentiel d’évaluation.
Données statistiques :
Selon une étude de l’Institut National de la Sécurité Privée (INSP, 2022), la présence physique d’un agent réduit significativement les tentatives d’intrusion sur les sites sensibles par rapport aux systèmes automatisés seuls. En 2022, la surveillance humaine (gardiennage) représentait 63,5 % de l’activité totale du secteur (vs 20 % pour la télésurveillance), attestant que la présence d’agents reste le pilier de l’offre de sécurité 1,2,3.
Par ailleurs, dans le cadre de la prévention des risques, nous soulignons que le gardiennage permet une gestion des crises en temps réel (incendies, conflits, incidents techniques), là où les rondiers ou les outils technologiques nécessitent un délai d’intervention important. L’INSEE classe les activités de sécurité privée (incluant gardiennage et rondes humaines) comme représentant environ 77,5 % du chiffre d’affaires de la sécurité privée, contre 19,5 % pour les systèmes de sécurité électronique et télésurveillance 4
La vidéosurveillance, bien qu’utile pour l’enregistrement des preuves, dépend étroitement de la qualité des infrastructures et de la réactivité des centres de contrôle avec une procédure longue et process compliqué5. Selon une étude de l’Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice sur la prévention des actes de malveillance dans les transports6, la présence visible d’agents de sécurité permettrait de réduire ces incidents de plus de 30 %, contre seulement 12 % lorsque seuls des dispositifs de vidéosurveillance sont installés. L’action humaine sur le terrain est un réel dissuasif à la fraude, tandis que les caméras opèrent après la fraude. L’agent est une figure d’autorité immédiate rassurante et qui intervient immédiatement face à l’urgence.
Sur la même voie, un sondage de l’ONDRP (Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales)7, annonce que 78 % des Français estiment que la présence d’agents de sécurité est plus rassurante que les dispositifs technologiques, tels que les caméras de surveillance ou les systèmes d’alarme. Ce chiffre révèle une préférence marquée pour l’intervention humaine dans les dispositifs de sûreté et sécurité. En effet, la présence physique d’un agent inspire un sentiment de protection directe et immédiate, là où la technologie est souvent perçue comme distante ou passive.
En revanche, « le gardiennage intègre une dimension relationnelle cruciale : accueil, contrôle d’accès personnalisé et gestion des interactions avec le public, éléments que ne peuvent assumer ni les caméras ni les rondes sporadiques » Précise M. GANTASSI, président de l’entreprise VIGIZ et il ajoute que, si les rondiers et la vidéosurveillance complètent utilement les dispositifs de sécurité, le gardiennage reste la pierre angulaire d’une stratégie globale liant la prévention et la dissuasion.
Le tableau représentatif ci-dessous résume des données réelles et des études statistiques sur les indicateurs de performance opérationnelles entre la présence permanente, partielle et technologique des différents services de sécurité. Ce résumé a été rédigé par le service « Conseil & Management de VIGIZ Sécurité » où la performance de la présence humaine est indispensable pour garantir un service performant.

Les statistiques et les études de terrain révèlent une réalité dans le monde de sécurité : la présence physique reste l’élément dissuasif le plus efficace, capable d’interpréter des contextes complexes que la technologie seule ne les saisit pas.
Les Atouts Indépassables du Gardiennage Humain
- Dissuasion Dynamique et Immédiate
- Impact psychologique : La plupart des tentatives de vol ou d’intrusion sont abandonnées à la simple vue d’un agent en uniforme.
- Interaction proactive : Un agent peut repérer un comportement suspect (nervosité, trafic inhabituel) et intervenir avant qu’un incident ne survienne, contrairement aux caméras qui analysent a posteriori
- Adaptabilité en Temps Réel
- Gestion des imprévus : En cas de conflit entre personnes, de colis oublié, ou de crise sanitaire (comme le contrôle des gestes barrières en période Covid), l’agent ajuste sa réponse en fonction du contexte social, émotionnel et opérationnel.
- Décision contextuelle : Lors d’un début d’incendie, l’agent procède à un levé de doute et évalue la situation et intervient ou alerte les secours avec précision – une capacité hors de portée des capteurs automatisés.
- Capital Confiance et Relationnel
- Rassurance des publics : La majorité des employés en entreprise déclarent se sentir « significativement plus en sécurité » avec une présence humaine visible.
- Interface sociale : Orientation des visiteurs, gestion des accès avec courtoisie, médiation en cas de tension – des fonctions où le contact humain est incontournable.
Limites des Solutions 100% Technologiques : Les Angles Morts Statistiques
- Vulnérabilités Opérationnelles
- Pannes et cyberattaques : Une coupure de courant, une panne technique quelconque ou un piratage de système peut rendre un dispositif électronique inopérant. Les agents présents sur site, eux, maintiennent une vigilance continue.
- Absence ou retard d’intervention physique au moment t : Une caméra peut alerter sur une intrusion, mais ne peut interpeller un suspect ou sécuriser physiquement une zone.
- Déficit d’Intelligence Contextuelle
- Fausse alerte ou fausse interprétation des données : Les systèmes d’alerte technologique génèrent parfois des « faux positifs » (un animal déclenchant une alarme, ou mauvaise interprétation des capteurs) qui mobilisent inutilement les centres de contrôle.
- Incapacité à saisir les nuances : Un agent détecte un début d’altercation par l’effet des voix ou le langage corporel – des subtilités souvent invisibles aux algorithmes.
Conclusion
L’Humain, Cœur Irremplaçable de la Sécurité
La technologie peut signaler un problème, mais elle ne possède pas la capacité humaine à interpréter les nuances d’un comportement ou les spécificités d’une situation. Le gardiennage humain incarne la pierre angulaire d’une sécurité résiliente parce qu’il conjugue :
- Une autorité physique dissuasive et réactive,
- Une flexibilité cognitive face à l’imprévisible,
- Une dimension éthique et sociale incontournable.
La présence humaine n’est pas un retour au passé mais plutôt un investissement dans l’avenir d’une sécurité réellement intelligente, où la technologie amplifie sans être remplacer. À l’heure où les menaces deviennent asymétriques.
On finit par une conclusion officielle du ministère d’intérieur dans leur guide, Stratégies territoriales de sécurité : articulation humain/technologique publié en 2023, « Aucune technologie ne remplace la capacité d’interaction humaine à désamorcer les conflits ou à adapter la réponse à la complexité sociale ».8
Sources :
1 : Rapport de branche – Prévention-Sécurité – Données 2021 & 2022, 2023, Observatoire des métiers de la sécurité privée, XERFI Specific.
2 : « Panorama statistique emploi et formation professionnelle – Branche Prévention Sécurité Privée« , 2023, Observatoire AKTO.
3 : Erick Haehnsen, « Les chiffres de l’enquête de branche Prevention Sécurité« , 2023, Xerfi Specific.
4 : Catherine Fresson-Martinez, Florian Vucko, « La sécurité : un secteur toujours en plein essor« , 2016, division Indicateurs conjoncturels d’activité, INSEE.
5 : Laurent Mucchielli, « La technologie peut-elle remplacer le gardien ? Limites des systèmes automatisés« , 2010, Revue Champ Pénal.
6 : Synthèse sur la prévention situationnelle, « L’impact de la présence humaine sur la sécurité des espaces publics« , 2021, Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice (INHESJ).
7 : Baromètre annuel de la sécurité, « Dissuasion et sentiment d’insécurité : le rôle des patrouilles« , 2022, Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales (ONDRP).
8 : « Stratégies territoriales de sécurité : articulation humain/technologique« , 2023, Ministère de l’Intérieur (SG-CIPDR).